Radiations cosmiques et vieillissement : Protéger les travailleurs et voyageurs du Québec
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Le 29 octobre 2024
Dans l’univers des vols commerciaux, une menace invisible pèse sur les membres d’équipage et les voyageurs fréquents : les radiations cosmiques. Bien que le danger ne soit pas perceptible immédiatement, l’exposition prolongée à ces radiations, cumulée au fil du temps, peut accélérer le vieillissement cellulaire et augmenter le risque de maladies graves. Cet article explore les effets des radiations cosmiques et présente des solutions concrètes pour protéger les professionnels et les voyageurs exposés à ces risques.
Radiations cosmiques : Un phénomène inévitable à haute altitude
Les radiations cosmiques sont des particules énergétiques provenant de l’espace, principalement composées de protons, de noyaux d’atomes lourds et d’autres particules subatomiques. À haute altitude, les protections naturelles de la Terre (atmosphère et magnétosphère) sont moins efficaces, ce qui permet à ces radiations d’atteindre les avions. Pour les équipages et passagers des vols internationaux, en particulier ceux passant par des routes polaires, l’exposition aux radiations est plus élevée.
Par exemple, même sur la terre, les alpinistes au sommet de l’Everest sont exposés à des niveaux accrus de radiations cosmiques, environ 30 % à 40 % plus élevés que ceux rencontrés au niveau de la mer.
Pour un seul vol, la dose de radiation est faible, mais répétée tout au long de l’année, elle devient préoccupante. Les membres d’équipage au Québec, par exemple, reçoivent annuellement entre 3 et 6 mSv de radiation, une dose bien plus importante que celle à laquelle le public est normalement exposé, et qui équivaut à celle subie par certains travailleurs du nucléaire.
Bref, l’exposition régulière aux radiations cosmiques provoque des dommages directs à l’ADN, entraînant la sénescence cellulaire (vieillissement prématuré des cellules). Cela peut augmenter le risque de cancer, en particulier les cancers de la peau chez les pilotes et les cancers du sein chez les hôtesses de l’air.
Pour réduire l’exposition à la radiation cosmique:
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Surveiller les doses de radiation : Utilisation de dosimètres pour suivre l’exposition individuelle des membres d’équipage.
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Adapter les itinéraires de vol : Éviter les routes polaires lors des tempêtes solaires ou des périodes de forte activité solaire.
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Limiter les heures de vol annuelles : Réduire de 10 % les heures de vol permet de diminuer l’exposition annuelle d’environ 0,5 mSv.
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Améliorer la conception des avions : Introduire des matériaux plus résistants aux radiations dans les cabines pour protéger l’équipage et les passagers.
Vieillissement cellulaire accéléré : Une conséquence invisible
Les radiations cosmiques affectent directement les mitochondries, sources d’énergie des cellules, générant des radicaux libres. Ces derniers provoquent un stress oxydatif, accélérant ainsi le vieillissement des cellules.
Au-delà des signes visibles du vieillissement, les radiations cosmiques accélèrent également le vieillissement biologique, réduisant la capacité des cellules à se régénérer. Cela augmente le risque de maladies chroniques, dont les cancers et les maladies neurodégénératives.
De ce fait, les pilotes présentent un risque accru de 25 % de développer des mélanomes par rapport à la population générale. Par ailleurs, les hôtesses de l’air, souvent plus exposées aux vols long-courriers, sont également confrontées à un risque plus élevé de cancers du sein et de troubles neurodégénératifs.
Pour atténuer les effets du vieillissement:
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Former les équipages : Sensibiliser les membres d’équipage sur les risques et les mesures de protection.
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Optimiser les horaires de vol : Réduire les vols de longue durée et adapter les itinéraires pour minimiser l’exposition.
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Suivi médical régulier : Mettre en place des examens de santé fréquents pour détecter les signes précoces de vieillissement prématuré.
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Renforcer la recherche en protection cellulaire : Développer des traitements antioxydants pour réduire les dommages oxydatifs causés par les radiations.
Voyageurs fréquents : Un risque sous-estimé
Les voyageurs fréquents, notamment ceux qui empruntent des vols intercontinentaux au départ du Québec, sont également exposés à des niveaux plus élevés de radiations cosmiques. Un vol Montréal-Paris expose un passager à environ 0,05 mSv, et ce chiffre augmente avec la fréquence des voyages.
Or, pour un passager qui réalise environ 50 vols intercontinentaux par an, la dose cumulée peut atteindre 2,5 mSv. Bien que ce niveau soit inférieur à celui des travailleurs de l’aviation, il représente néanmoins un risque accru de vieillissement cellulaire et de maladies chroniques.
Les voyageurs réguliers sont souvent peu informés des risques. Pourtant, chaque vol contribue à une accumulation de radiations, augmentant légèrement, mais sûrement les risques de cancer et de vieillissement prématuré.
Protéger les voyageurs:
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Informer les voyageurs : Sensibiliser les passagers fréquents aux risques des radiations et les encourager à limiter leurs expositions.
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Optimiser les trajets : Privilégier des itinéraires évitant les routes polaires lors des périodes de forte activité solaire.
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Ajuster l’altitude de vol : Voler à des altitudes plus basses, lorsque possible, peut réduire l’exposition de 30 % (no title).
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Préconiser des bilans de santé : Recommander aux voyageurs fréquents de faire des bilans de santé réguliers pour surveiller les effets potentiels à long terme.
Vers un vol plus sûr et protégé
Les radiations cosmiques représentent un risque tangible, mais invisible pour les travailleurs de l’aéronautique et les voyageurs fréquents. Grâce à des mesures de surveillance plus rigoureuses, des ajustements d’itinéraires et des horaires de vol mieux calibrés, il est possible de réduire ces expositions et leurs conséquences.
En agissant dès maintenant, nous pouvons protéger les travailleurs du ciel et garantir la sécurité des vols, tout en assurant la durabilité du secteur aéronautique pour les générations futures.
Références
- Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), rapports sur l’exposition des travailleurs aériens.
- Cancer Care Ontario, études sur les risques de cancer dans le secteur aéronautique.
- Harvard T. H. Chan School of Public Health, Recherches sur l’impact des radiations cosmiques.
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